🔴 InFO militante - Les dégâts déjà vérifiés des mesures austères
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FO ne cesse de le répéter, et plus encore depuis la rentrée de septembre : il y a urgence à mettre en œuvre des mesures de justice sociale et fiscale. À l’occasion des mobilisations du 18 septembre et du 2 octobre, les travailleurs et assurés sociaux ont ainsi réaffirmé leur opposition à toute poursuite de politiques d’austérité. Des politiques qui programment depuis des années des baisses sévères de dépenses publiques, et qui plus est sans solliciter davantage les plus riches et les grandes entreprises, en vue de recettes fiscales et sociales supplémentaires. Or, les effets des mesures sévères sont déjà visibles. De l’attaque de prestations de santé à la baisse de droits des demandeurs d’emploi, en passant par l’entêtement, jusqu’à présent, à maintenir la réforme des retraites de 2023, en passant aussi par l’insuffisance chronique de moyens accordés aux services publics, ou encore par le gel des salaires dans le public... Pour FO, les prescriptions d’austérité, qui par ailleurs passent à côté de l’engagement d’une vraie politique de réindustrialisation, doivent cesser. Les dommages qu’elles induisent sont déjà suffisamment éprouvés. Illustration.
Bas salaires : vers un artifice de hausse impliquant la CSG ?
Au tout début octobre, parmi le flot de pistes évoquées du côté de Matignon et censées conduire à doper le pouvoir d’achat, était évoquée celle d’une « baisse d’impôts » en faveur du travail. Il s’agissait non pas d’une hausse générale des salaires bruts, ainsi que le revendique FO, mais, notamment, de rapprocher le salaire net du brut (déjà prôné par les récents gouvernements) via une baisse de la CSG (contribution sociale généralisée) et a priori sur les salaires les plus bas. Un artifice, donc, et faisant ressortir aussi le problème de la compensation de recettes pour la Sécu, problème d’autant plus récurrent alors que ses ressources ne sont plus assises exclusivement sur les cotisations sociales, salariales et patronales. Était évoquée comme solution le transfert vers la Sécu d’une partie du produit de la hausse de la CSG appliquée au prélèvement forfaitaire unique (PFU), impôt flat tax sur le capital (au taux de 30 %), créé le 1er janvier 2018 et qui a amoindri la taxation des revenus du capital en les extrayant de l’imposition sur le revenu.
Fiscalisation croissante des ressources de la Sécu
Plus largement, la piste avancée pour doper les salaires mettait la lumière sur la fiscalisation des ressources de la Sécu et l’atteinte toujours plus forte du salaire différé depuis trente ans, cela au nom de la baisse du coût du travail et d’une diversification du mode de financement de la Sécu.
Ainsi, les cotisations sociales, qui représentaient 77 % des ressources de la Sécu en 1981, n’en représentaient plus que 54 % en 2022. La CSG, impôt créé en 1991 et qui affiche désormais un rendement de plus de 100 milliards d’euros par an, est prélevée notamment sur les revenus d’activité (dont les salaires) et de remplacement (dont les pensions de retraite et les allocations chômage). Cet impôt participe au financement du fonds de solidarité vieillesse, de l’autonomie (CNSA), de l’Assurance maladie, des allocations familiales, de l’Assurance chômage et de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades).
La CSG est passée d’un taux de 1,1 % en 1991 (ne remplaçant d’abord que les cotisations patronales d’allocations familiales) à des taux (hors taux réduits) variant, depuis 2018 (date de la suppression des cotisations salariales d’Assurance maladie et de chômage), de 6,2 % à 9,2 % (dont sur le salaire).
Valérie Forgeront
Santé : des économies au détriment des malades
D’année en année, les économies et/ou projets d’économies visant la Sécurité sociale s’accélèrent, au détriment des usagers. En 2025, le projet de loi de finances pour la Sécurité sociale (PLFSS) prévoyait ainsi une baisse des dépenses de l’Assurance maladie d’environ 4 milliards d’euros. Parmi les mesures contestées par FO : la baisse des indemnités journalières (IJ), cela visant une économie de 600 millions d’euros. Les IJ sont désormais plafonnées à 1,4 Smic (contre 1,8 Smic auparavant). Pour 2026, l’ex-Premier ministre François Bayrou prévoyait lui, dans le cadre d’un plan de redressement des finances publiques, des économies à hauteur de 5 milliards d’euros dans le secteur de la santé. Le projet prévoyait de doubler le plafond des franchises médicales (consultations, médicaments) et des participations forfaitaires payées par les assurés sociaux.
FO dit stop aux mesures injustes
Cette hausse des restes à charge va à l’encontre des principes d’équité et d’universalité essentiels à notre système de soins, a condamné FO, s’opposant à cette mesure injuste qui fragilisera davantage les plus précaires et les malades. Avant que le gouvernement Bayrou ne tombe le 8 septembre, des décrets sur le doublement des franchises médicales avaient déjà été présentés le 4 septembre au Conseil de la Cnam (l’Assurance maladie). Un passage en force dénoncé par FO, qui a demandé le retrait de ces décrets, non publiés pour l’instant. Mais qui restent à l’évidence d’actualité. Le 14 octobre, le PLFSS pour 2026, enfin dévoilé, actait le projet d’une économie de 7, 1 milliards d’euros l’an prochain dans le secteur de la santé .
Ariane Dupré
Économies : la sphère de l’État en cible facile
Les récents gouvernements ont tous voulu baser la résorption du déficit public et la réduction de la dette sur l’abaissement massif des dépenses publiques. En visant notamment l’État et ses opérateurs. Le gouvernement Attal prônait ainsi pour 2023 une baisse des dépenses de l’État de 2,5 % en volume. En 2024 était actée pour l’État une économie de 10 milliards d’euros. Idem pour 2025 (avant la démission du gouvernement, à la suite de la dissolution de l’Assemblée). Le gouvernement Barnier, avant de tomber, prévoyait lui un effort de 40 milliards d’euros sur les finances publiques avec une baisse des dépenses autour de 30 milliards et en mettant entre autres dans le viseur les opérateurs de l’État. Le gouvernement Bayrou préconisait lui un effort de 43,8 milliards d’euros en 2026, toujours principalement par une baisse des dépenses. Avec encore une économie de 10 milliards d’euros infligée à l’État et ses opérateurs, certains devenant encore plus menacés dans leur existence.
Services et agents toujours plus malmenés
Sébastien Lecornu projetait lui, initialement, que le déficit public soit ramené à 4,7 % du PIB en 2026 (à moins de 5 % était-il envisagé ces derniers jours), soit un effort autour de 30 milliards d’euros. Était évoquée (avant sa démission le 6 octobre) une réduction des dépenses de l’État à hauteur de 6 milliards. Tous ces gouvernements, rapidement devenus démissionnaires, ont visé la sphère de l’État dans ses moyens. Rien que depuis 2024, cela s’est traduit par des crédits de missions en baisse de plusieurs milliards d’euros (hors quelques secteurs), par des suppressions de postes, par un nouveau gel des salaires indiciaires des agents, par la suppression de la GIPA (système de garantie du pouvoir d’achat), ou encore la baisse d’indemnisation des arrêts maladie courts. De quoi dégrader encore l’état des services publics et aggraver le manque d’attractivité des carrières publiques.
Valérie Forgeront
Assurance chômage : FO opposée à toute nouvelle réforme
Comme ses prédécesseurs, le Premier ministre, Sébastien Lecornu (reconduit à son poste le 10 octobre), envisageait de réformer une nouvelle fois l’Assurance chômage. Or trois réformes ont déjà été mises en œuvre depuis 2019. Et les droits des demandeurs d’emploi n’ont cessé d’être rognés au fil des ans.
La durée minimale de cotisation ouvrant droit au chômage a notamment été rallongée de quatre à six mois, sur les vingt-quatre derniers mois. La durée d’indemnisation maximale a été réduite de vingt-quatre à dix-huit mois. La modification du mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) a entraîné une baisse moyenne de 18 % de l’allocation journalière perçue. La borne d’âge pour les seniors, qui bénéficient d’une durée d’indemnisation plus longue, a été relevée de 53 à 55 ans…
Résultat, actuellement seuls 40 % des demandeurs d’emploi sont indemnisés et 50 % d’entre eux travaillent. Le montant moyen de l’allocation mensuelle nette perçue est de 1 031 euros.
Un régime fragilisé
En parallèle, la situation financière de l’Assurance chômage ne cesse de se dégrader. Selon les dernières prévisions établies par l’Unédic à l’horizon 2027, l’organisme paritaire table désormais sur un déficit en 2025 et 2026, en raison notamment des 12 milliards d’euros prélevés unilatéralement par l’État entre 2023 et 2026. Cette situation, qui empêche le régime de se désendetter, fragilise sa capacité à servir d’amortisseur économique et social en cas de crise.
La confédération FO est déterminée à ne laisser aucun gouvernement réaliser des économies sur le dos des travailleurs. Le 10 septembre, elle a saisi le Conseil d’État pour contester la légalité de la lettre de cadrage relative à la négociation de la convention d’Assurance chômage, adressée le 8 août 2025 par le Premier ministre de l’époque, François Bayrou, aux interlocuteurs sociaux.
Clarisse Josselin
Réforme des retraites de 2023 : une visée strictement comptable
La réforme des retraites de 2023, contestée par FO et l’ensemble des organisations syndicales, relève d’une mesure d’austérité. Si les récents gouvernements ont cherché à dramatiser la situation financière du système de retraite, FO rappelle qu’en 2021, d’après le rapport du Comité d’orientation des retraites (COR) sur lequel s’appuyait le gouvernement pour la réforme, la part des dépenses de retraite dans le PIB montrait sa stabilité, entre 13 % et 14 %. Par la réforme, le gouvernement affirmait viser un équilibre du système de retraite à l’horizon 2030. Mais celle-ci s’insérait surtout, rappelle FO, dans un objectif global de réduction des dépenses publiques, ainsi que le gouvernement s’y était engagé dans le cadre du programme de stabilité présenté à Bruxelles.
Passée en force – via l’article 49.3 – malgré les intenses mobilisations, la réforme du 14 avril 2023 a donc reculé de deux ans l’âge légal de départ en retraite, pour atteindre 64 ans en 2030. Cela en reculant l’âge de départ de trois mois par année de naissance (avec effet cumulatif), avec un impact commençant à ceux nés en 1961. L’accélération du calendrier d’allongement de la durée de cotisation s’est matérialisée, elle, par l’exigence de trimestres supplémentaires de cotisation pour atteindre 172 trimestres (43 annuités) dès la génération née en 1968.
FO demande toujours l’abrogation de cette réforme
FO continue de demander l’abrogation de cette réforme qui accélère les inégalités. Ce qu’admettait elle-même la Cour des comptes dans un rapport d’avril 2025, présenté lors du « conclave ». Si l’emploi des seniors a progressé, c’est beaucoup moins vrai à partir de 60 ans. Le taux d’emploi à cet âge était de 60 % en 2023. En outre, la part des seniors ni en emploi, ni en retraite (chômage, inaptitude) reste très importante. En 2023, 1,6 million de personnes âgées de 55 à 64 ans étaient dans ce cas, soit une personne sur cinq, selon le rapport.
Ariane Dupré
Ultra-riches et grandes entreprises : une câlinothérapie au coût élevé
Le refus, renouvelé au fil des années, de l’exécutif de solliciter davantage – et bien au contraire – les ultra-riches et les très grandes entreprises pour l’effort sur les finances publiques montre ses effets coûteux. En 2024, la Cour des comptes estimait la fonte des recettes fiscales à 62 milliards d’euros depuis 2017. Diverses réformes, telle la suppression de l’ISF en 2018, « transformé » en IFI (soit une imposition bien atténuée), la baisse des impôts de production des entreprises ou encore la poursuite de la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés ont fortement participé à la perte de recettes pour les comptes publics. Et c’est sans parler des aides publiques aux entreprises, dont les allégements de cotisations sociales patronales ont induit un manque à gagner estimé par le Sénat à 88 milliards en 2023.
Les effets sur la dette…
En juillet dernier, dans une étude notant que depuis 2019, la situation budgétaire de la France se dégrade à nouveau, comparée à celle des autres pays de la zone euro, les économistes de l’OFCE soulignaient que cette dégradation n’est pas attribuable à une augmentation plus marquée des dépenses publiques en France par rapport à la zone euro (respectivement 1,8 et 2,6 points de PIB), mais plutôt à une diminution significative des recettes publiques françaises (- 1,6 point de PIB), tandis que celles-ci sont restées stables au sein de la zone euro. Et d’enfoncer le clou : En France, la persistance de ce déséquilibre entre dépenses et recettes publiques se traduit en 2024 par un solde public primaire significativement inférieur (un écart de - 2,1 points de PIB) au niveau requis pour stabiliser la dette, conduisant ainsi à une augmentation de celle-ci.
Valérie Forgeront
La réindustrialisation, une urgence pour l’emploi
Engager une véritable politique de réindustrialisation, permettant de relocaliser, pérenniser et développer des emplois de qualité, telle est l’une des revendications rappelées par la confédération FO le 6 octobre, après la démission du premier gouvernement de Sébastien Lecornu. Il s’agit là d’une nécessité face aux enjeux en matière d’emploi et de salaires, mais aussi de souveraineté et de transition énergétique.
Automobile, sidérurgie... beaucoup d’inquiétudes
À titre d’exemple, le secteur de l’automobile continue de s’enfoncer dans la crise. Confronté à une baisse des ventes, Stellantis a mis provisoirement à l’arrêt trois usines françaises. À Poissy, la production sera notamment stoppée durant trois semaines en octobre et les 2 000 salariés placés en chômage partiel. Quant à Renault, des médias ont évoqué la suppression de 3 000 postes dans le monde, y compris au siège, à Boulogne-Billancourt. Le constructeur, s’il prétend n’avoir encore pris aucune décision, a confirmé à l’AFP mener des réflexions sur des axes de simplification, face aux incertitudes du marché.
En matière de sidérurgie, pour tenter de contenir une concurrence chinoise de plus en plus écrasante, l’Union européenne a décidé le 7 octobre de doubler les droits de douane sur les importations d’acier, une mesure sans précédent. En avril dernier ArcelorMittal avait annoncé la suppression de 637 emplois, dont 407 en production. Début octobre, près de 300 personnes se sont rassemblées devant le site de Basse-Indre, à l’appel notamment de FO, pour refuser le plan de licenciement programmé et exiger de meilleures conditions de départ.
Clarisse Josselin

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